Oranger en fleur…

Le sud
El Sur

un film de Fernando Ezequiel Solanas
Avec Rosi et Floreal Echegoyen
Philippe Léotard
Prix de la mise en scène à Cannes en 1988
Musique : Astor Piazzola, Roberto Goyeneche

El Sur - Film de F.E. Solanas / Musique d'Astor Piazzola

Je prends le temps d’une petite pause musicale, inspirée par quelques nouvelles lues précédemment.

Ce que je connais de l’Argentine se résume à peu de choses. Mais dans ce tout petit sac de connaissances, j’ai une boîte. Dans cette boîte un écrin. Dans cet écrin est caché un bijou de lumière, El Sur, un film de Fernando Ezequiel Solanas, (prix de la mise en scène à Cannes en 1988). Sertie dans ce bijou : une perle, le tango. Dans un reflet nacré de cette perle, un joueur de bandonéon au coin d’une rue, des notes tristes et dansantes, l’âme d’un pays dans un souffle…

Et une voix, grave et émouvante, qui surgit de nulle part : Era más blanda que el agua

 

Naranjo en flor (Oranger en fleur)

(Homero Expósito – Virgilio Expósito)

Era más blanda que el agua,
que el agua blanda,
era más fresca que el río,
naranjo en flor.
Y en esa calle de estío,
calle perdida,
dejó un pedazo de vida
y se marchó…

Primero hay que saber sufrir,
después amar, después partir
y al fin andar sin pensamiento…
Perfume de naranjo en flor,
promesas vanas de un amor
que se escaparon con el viento.
Después…¿qué importa el después?
Toda mi vida es el ayer
que me detiene en el pasado,
eterna y vieja juventud
que me ha dejado acobardado
como un pájaro sin luz

¿Qué le habrán hecho mis manos?
¿Qué le habrán hecho
para dejarme en el pecho
tanto dolor?
Dolor de vieja arboleda,
canción de esquina
con un pedazo de vida,
naranjo en flor.

Elle était plus douce que l’eau,
Plus douce que l’eau douce,
Elle était plus fraîche que la rivière,
Oranger en fleur.
Et dans cette rue de l’été,
Cette rue égarée,
Elle y laissa un petit bout de vie,
Et s’évanouit.

D’abord il faut savoir souffrir,
Ensuite aimer, ensuite partir,
Et enfin cheminer la tête vide…
Parfum d’oranger en fleur,
Promesses vaines d’amour
Qui s’éparpilleront dans le vent.
Et après… Quelle importance ?
Tout ma vie est dans cet hier
Qui me retient prisonnier du passé,
Éternelle et vieille jeunesse
Qui m’a maintenu effrayé
Comme un oiseau sans lumière.

Que lui auriez-vous fait mes mains ?
Que lui auriez-vous fait
Pour me planter dans le cœur
Autant de douleurs ?
Douleur d’une vieille futaie,
Chanson du coin de rue
Comme un petit bout de vie,
Oranger en fleur.


 

Pour écouter Naranjo en flor ou alors toute la bande originale du film (Musique et arrangements d’Astor Piazzola, Chant de Roberto Goyeneche).

[Edit] J’ai finalement trouvé l’extrait du film, je vous le livre donc ici :

 

12 Comments Oranger en fleur…

  1. InFolio

    je ne connais pas du tout ce film et assez peu la culture de l’Amérique latine. Mais ce poème est véritablement magnifique. Merci de l’avoir partagé, il va me suivre quelque temps…

  2. Sébastien

    Oui c’est un très beau poème, très nostalgique (Tout ma vie est dans cet hier qui me retient prisonnier du passé), assez flou aussi dans son contenu… Je ne suis pas satisfait de la traduction mais au moins c’est la mienne, je ne peux m’en prendre qu’à moi. Mais il faut écouter les tangos, il faut les danser (quand on sait) mais les écouter c’est un régal !

  3. InFolio

    encore faut-il les comprendre… et je ne parle pas espagnol. :/ un petit regret que je m’efforcerai de corriger un jour.

  4. Berce

    tango tanguer, tango ego, tango être.
    aimer, souffrir, partir …mais aimer…
    se tenir, se serrer, se projeter, se désirer, se séparer…
    rappeler l’espace des bras ,la consolation de la musique,la fraîcheur de la rivière.
    j’aime le tango, j’aime tanguer dans ce va et vient…
    merci pour ce texte.

  5. mc de la rochette

    dans le tango
    j’aime surtout
    et beaucoup
    l’accordéon …
    chromatique
    diatonique
    qu’importe et tu sais quoi ?
    j’imagine Léotard de son prénon Philippe
    interpréter aussi ce beau morceau …
    biz

  6. Sébastien

    @Berce
    Oui le tango est cet art où danse musique et chanson rejouent les passions qui nous habitent… Même celles que nous ne nous permettons pas d’exprimer en temps ordinaire…
    Content que ce texte t’ai plu.

    @MC
    Oui il aurait tout à fait pu interpréter ce morceau, c’est vrai, mais dans le film il ne chante pas ! car, fait étrange que tu cites Léotard ici, mais il joue dans ce film là… C’est le seul français de la distribution, et il joue excellemment.
    Ici Piazzola a mis beaucoup de bandonéon, qui est un peu le piano triste du pauvre pour reprendre une image de Léo…

  7. mc de la rochette

    C’est un pur hasard d’avoir imaginé Léotard dans ce chant, c’est son côté « rocailleux » qui m’est venu à l’esprit … et en plus il joue dans le film ? ma culture cinéphile est mince et je note donc dans la liste des films à voir …
    Léotard faisait bien l’acteur aussi c’est vrai et Piazzola joue très bien du piano triste du pauvre … continue Seb c’est bien !

  8. mc de la rochette

    super une petite projection en perspective …
    ndlr dans le commentaire plus haut il fallait lire bien sûr « culture cinématographique » et non pas « culture cinéphile » …sourire et non pas lol !!!! hi! bon w.e

  9. dasola

    Bonjour, quand on me parle d’Astor Piazzola, je fonds. Et puis le peu que j’ai de Buenos Aires m’a donné envie de repartir. Bonne après-midi.

  10. Sébastien

    Bonjour, je ne connais pas Buenos Aires autrement que par le staccato du bandonéon de Piazzola ! Mais déjà, quelle approche, quel transport rien qu’en fermant les yeux ! Merci de ton passage, reviens quand du veux !

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