Inutile est le livre quand le mot est sans espérance — Edmond Jabès

Le vol d'une forme de pélerin dans le médian du soleil © 2012 - Patricia Schlaepfer

Le vol d’une forme de pélerin dans le médian du soleil
© 2012 – Patricia Schlaepfer

Écrire, maintenant, uniquement pour faire savoir qu’un jour j’ai cessé d’exister ; que tout, au dessus et autour de moi, est devenu bleu, immense étendue vide pour l’envol de l’aigle dont les ailes puissantes, en battant, répètent à l’infini les gestes de l’adieu au monde.

Oui, uniquement pour confirmer que j’ai cessé d’exister le jour où l’oiseau rapace a occupé seul l’espace de ma vie et du livre, pour régner en maître et dévorer ce qui, une fois encore, cherchait, en moi à naître et que je tentait d’exprimer.

Inutile est le livre quand le mot est sans espérance.

Edmond Jabès, Le livre de l’Hospitalité, Gallimard, 1991 – p. 9

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Ecrire dans les marges