Poème dans l’arbre : Daphnée

Parfois j’écris un poème dans un arbre…

Daphnée

à François Robert

chaque jour
je passe
ce chemin
je repasse
les chemises
de la terre
je m’insinue
dans le méandre
des plis
des fronces
vergetures végétales
sillon sur la brèche
des graves graminées
j’abrase les herbrassées
j’écorche le liber
j’écarquille les ombres
feuillues
j’intensifie l’écorce
pour en souligner
l’oeil qui
d’un clin fige
l’élan de ma fuite
oeil qui
d’un battement éparpille
mes nuées de grives
oeil qui
m’effeuille
me nudifie
humidifie
les voiles
de ma prudence
ma pudeur
écorcée vive
de violence

chaque jour
je suis arbre
courant
sur le sentier
laurier en ton nom
rose
que je devine
figuier en ta joie
barbare
que j’amadoue
j’ai l’envie du vent
mais
le ventre de la terre
au creux duquel
j’arrime mes racines
en sarclant d’ongles
les mers d’humus
m’amarre
aux souvenirs
dévorants
qui m’aimèrent

chaque jour
mes pieds creusent
un peu plus
le sillon clair
qu’empreintent
à leur tour
fourmis et mulots
lièvres et renards
cerfs et fusils
sur les sentiers
de la prédation

chaque jour
traque sa proie
qui chaque jour
le devance
et chaque jour
je fuis la nuit
qui le précède

 

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2 Comments Poème dans l’arbre : Daphnée

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