Nuages (I) — J.-L. Borges

Tempête sur les côtes de Belle-Ile, Théodore Gudin (1802-1880)

Pas une chose au monde qui ne soit
Nuage. Nuages, les cathédrales,
pierre imposante et bibliques verrières,
qu’aplanira le temps. Nuage l’Odyssée,
mouvante, comme la mer, neuve
toujours quand nous l’ouvrons. Le reflet
de ta face est un autre, déjà, dans le miroir
et le jour, un labyrinthe impalpable.
Nous sommes ceux qui partent. Le nuage
nombreux qui s’efface au couchant
est notre nuage. Telle rose
en devient une autre, indéfiniment.
Tu es nuage, tu es mer, tu es oubli.
Tu es aussi ce que tu as perdu.

Nuages (I), Jorge Luis Borges, Les Conjurés,
traduction par Claude Esteban,
dans Œuvres complètes, op. cit., p. 941.

Poème que j’ai découvert dans la toujours excellente anthologie permanente de la poésie, j’ai nommé Poezibao.

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Petite pause musicale, petite ritournelle qui nous relie aussi au pouvoir des mots. Quelque chose sort du silence, nous émeut, nous touche, nous apaise, nous révolte. On ne peut mettre le doigt dessus, cela nous échappe… on cherche cependant toujours à  rattraper ce quelque chose.

La création en train de se faire, en train d’apparaître, au-delà de toutes considérations sur la performance, a toujours quelque chose d’émouvant, de vibrant, que ce soit Picasso peignant sur une vitre devant nos yeux ébahis, la trapéziste exécutant son vertigineux numéro dans les airs, ou Camille faisant surgir de nulle part sa demeure d’un ciel.

Je vous avais fait écouter Lhasa il y a quelques temps, je ne peux pas résister à l’envie d’en remettre un morceau, et ceci d’autant plus que je viens d’apprendre que son prochain album sort le 21 avril. Chouette !

En attendant laissons lentement monter la marée musicale…

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