Du labyrinthe en préliminaire

La tour de Babel selon Bruegel l'Ancien

 

« L’univers (que d’autres appellent la Biblio­thèque) se com­pose d’un nombre indé­fini, et peut-être infini, de gale­ries hexa­go­nales, avec au centre de vastes puits d’aération bor­dés par des balus­trades basses. De cha­cun de ces hexa­gones on aper­çoit les étages infé­rieurs et supé­rieurs, inter­mi­na­ble­ment. La dis­tri­bu­tion des gale­ries est inva­riable. Vingt longues étagères, à rai­son de cinq par côté, couvrent tous les murs moins deux ; leur hau­teur, qui est celle des étages eux-mêmes, ne dépasse guère la taille d’un biblio­thé­caire nor­ma­le­ment consti­tué. Cha­cun des pans libres donne sur un cou­loir étroit, lequel débouche sur une autre gale­rie, iden­tique à la pre­mière et à toutes. A droite et à gauche du cou­loir il y a deux cabi­nets minus­cules. L’un per­met de dor­mir debout ; l’autre de satis­faire les besoins fécaux. A proxi­mité passe l’escalier en coli­ma­çon, qui s’abîme et s’élève à perte de vue. Dans le cou­loir il y a une glace, qui double fidè­le­ment les appa­rences. Les hommes en tirent conclu­sion que la Biblio­thèque n’est pas infi­nie; si elle l’était réel­le­ment, à quoi bon cette dupli­ca­tion illu­soire ? … »

Jorge Louis BORGES, « La Biblio­thèque de Babel » in Fic­tions,
Folio Gal­li­mard, trad. Ibarra

Tourne à gauche. Tourne à droite… Tout droit.
Encore une impasse ! Retour en arrière… Tourne à droite…

Le thème, la sym­bo­lique du laby­rinthe n’a de cesse de fas­ci­ner les hommes, de (dé-)façonner les esprits, de don­ner à la créa­ti­vité une errance par­ti­cu­lière… Toutes les époques, toutes les civi­li­sa­tions, tous les arte­facts humains ou les grandes œuvres faites de la main de l’homme se perdent (ou se retrouvent) dans le labyrinthe…

L’ambition de ce blog n’est pas de théo­ri­ser – voire de diva­guer – sur l’enchevêtrement des mul­tiples facettes du laby­rinthe (je four­ni­rai une bibliographie pour pro­lon­ger la réflexion sur le sujet), mais d’être le reflet sub­jec­tif (au milieu des laby­rin­thiques pages vir­tuelles qui com­posent l’internet) de mon propre labyrinthe.

Il y sera ques­tion de cultures, de créa­tion artis­tique, de lan­gage mais aussi de société… Ce sera également pour moi le lieu de publier mes écrits : poésie, prose, publication dans les revues…

Tout ce qui décore mon laby­rinthe inté­rieur, avec vue sur l’extérieur…

Le laby­rinthe est inépui­sable, par­ta­geons nos labyrinthes…

1 Comment Du labyrinthe en préliminaire

  1. sylvie

    En tant que bibliothécaire ,
    je te ferais, pour commencer, partager les citations d’un auteur que j’affectionne beaucoup, tirées d’un livre que je n’ai pas (encore lu….;):

    «Le femme est le premier labyrinthe de l’homme.»
    [ Jacques Attali ] – Extrait de Chemins de sagesse

    «Il n’est rien de plus urgent que d’apprendre la patience, le plaisir de se perdre, la ruse et le détour, la danse et le jeu, pour se retrouver capable de façonner sa vie comme une ironique œuvre d’art.»
    [ Jacques Attali ] – Extrait de Chemins de sagesse

    «La sagesse du futur, celle qui évitera le suicide de l’humanité, ne consistera plus à gagner du temps mais à le remplir, à le vivre, à en prendre toute la mesure.»
    [ Jacques Attali ] – Extrait de Chemins de sagesse

    Voila, alors bonne lecture, si ce n’est pas encore fait, et bravo pour ce joli préliminaire prometteur .
    Le Labyrinthe est un excellent sujet pour une bibliographie…

Ecrire dans les marges