Tristan le cep et Iseut la rose

Tristan et Iseut - Couverture de l'édition anglaise de Joseph Bédier … Ici donc s’achève l’histoire racontée par Thomas. Cette histoire, il la dédie aux amants, aux pensifs et aux amoureux, à tous ceux qui brûlent du désir d’aimer, aux voluptueux et même aux pervers, enfin à tous ceux qui seront émus et touchés par ces vers. Je n’ai sans doute pas pu plaire à tout le monde mais j’ai tâché de donner le meilleur de moi-même tout en sauvegardant le fond de vérité comme je l’avais promis au début de mon récit.

J’ai mélangé récits et vers afin et de fournir une histoire mémorable tout en conservant la beauté de la légende. J’ai voulu, par là, que mon récit plaise aux amants et qu’ils puissent, d’une certaine manière toujours s’y retrouver et se souvenir d’eux-mêmes.

Puissent-ils y trouver une consolation contre l’inconstance, contre l’injustice, contre la peine et la souffrance, contre tous les pièges de l’amour. »1.

Tout le monde ou presque connaît l’histoire extraordinaire de Tristan et Iseut, cette romance médiévale, originellement issue de la tradition orale et couchée sur « papier » au XIIe siècle.  Ce que l’on sait moins, c’est qu’il n’existe pas de texte original complet de Tristan et Iseult. La plupart des éditions modernes s’appuient essentiellement sur deux manuscrits fragmentaires (incomplets donc) plus quelques bouts par-ci par-là qui viennent fournir à l’histoire principale des épisodes supplémentaires, comme par exemple le Lai du Chèvrefeuille de Marie de France. Ces deux versions de Béroul et de Thomas sont cependant très différentes dans la fond et la forme : la première est plus violente, plus crue et se rapprocherait de la version orale, celle de Thomas d’Angleterre s’inscrit davantage dans la tradition courtoise et voudrait être un avertissement pour les futurs amants contre les pièges (engins) de l’amour. Il faudra attendre 1905, que Joseph Bédier reconstitue une histoire de Tristan et Iseut à travers des fragments d’auteurs et d’époques différentes. Tout comme le Perceval ou le conte du Graal, de Chrétien de Troyes, Tristan et Iseut jouit du statut d’oeuvre inachevée, d’oeuvre fragmentaire qui cristallise dans ses parties manquantes et reconstituées tous les fantasmes et tous les possibles inimaginables.

Mais ce n’est pas pour aborder sa généalogie que je vous parle de ce texte. Il y a dans l’histoire de Tristan et Iseut certains points communs troublants avec l’histoire de Thésée et d’Ariane. Je ne vais pas les détailler ici, simplement ces similitudes m’ont inspiré un texte de fiction publié sur Fanes de Carottes, je vous en souhaite une bonne lecture !


En infra...

  1. Derniers vers du Roman de Tristan de Thomas, la traduction en français moderne est de moi.

    Voici les vers originaux :

    Tumas fine ci sun escrit.
    A tuz amanz salut i dit,
    As pensis e as amerus,
    As emveius, as desirus,
    A enveisiez e as purvers,
    A tuz cels ki orrunt ces vers.
    Si dit n’ai a tur lor voleir,
    Le milz ai dit a mun poeir
    E dit ai tute la verur
    Si cum je pramis al primur.
    E diz e vers i ai retrait :
    Pur essamplë issi ai fait
    Pur l’estorië embelir
    Quë as amanz deive plaisir
    E que par lieus poissent troveir
    Chose u se poissent recorder :
    Aveir em poissent grant confort
    Encuntre change, encontre tort,
    Encuntre painë e dolur,
    Encuntre tuiz engins d’amur !
    []

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