La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !
Très beau celui-ci … Dans « les Passantes » de Brassens (poème qui ne serait pas de lui) :
…
on pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir.
Oui je le concède c’est moins « baudelérien » mais j’aime aussi :o) Bien à vous !
Oui un très beau poème d’Antoine Pol. Moustaki l’a également reprise… J’avais écouté, il y a quelque temps, une émission de FI sur le thème des passantes, sujets mystérieux d’inspiration, de fantasmes variés et dedans figurait le poème de Baudelaire et la chanson (par Moustaki)… Bises à vous !