Être une femme

Le labyrinthe a parfois ses entrées qui se confondent avec ses sorties, à tel point que l’on ne sait plus si on est dedans ou dehors.

Je me présente ici en toute simplicité comme au détour d’un virage ou d’un carrefour. Un mirage, une image d’une femme.

Je lis peu, voire très très peu, mon héritage culturel ne m’a pas offert l’amour des Belles Lettres, je n’ai pour ainsi dire pas le profil d’une « intellectuelle ». Pourtant j’attire à moi certains qui veulent discourir de poésie, de philosophie… Je n’ai aucune référence à leur apporter, aucun nom, aucun titre, aucune citation, juste une sensibilité. Celle d’une femme, qui malgré ses lacunes lexicalistyque se pose aussi des questions. Qui parfois écrit pour se comprendre, s’écrit face à un miroir qui lui révèle des couleurs différentes à chaque reflet.

Je m’autorise ici à transcrire sur des murs, à transpirer quelques notes intimes, pas à la recherche d’une critique, peut-être d’un écho…deviné ou silencieux. Parce qu’ « Être une femme » dans un corps de femme s’impose à moi dans tous mes faits et gestes.

Etre un être vivant, un être humain, Être une femme ! Rôle considérable et décisif dans l’humanité et la perpétuation de la vie. La femme contrôle la natalité, non l’homme. Donner vie, à deux. Porter la vie, le secret de la création , seule. La magie de l’univers qui se développe dans son propre corps. Instant, instinct privilégié. Être une femme, c’est naître avec l’exigence de la beauté ondulaire. C’est donner de l’amour avant d’en recevoir. Etre porteuse de vie. Une destinée sacrée pas toujours évidente à assumer.

 

Peinture sur sable des Indiens Navajo

Labyrinthe des mondes qui s’interpénètrent. Vivre dans un corps de chair et de femme.

La rail qui ressemble à un serpent, qui semble traverser le temps avec moi, à mes côtés. Il me suit ou je le suis. Je n’en ai pas peur. Il pénètre le temps et l’espace, me conduit, se conduit. Dirige sans diriger. Compagnon de route, guide du moment qui passe. Ami du temps. Trace sa route et la mienne. File, se faufile. Existe au-delà, en deçà. Glisse, sombre et luisant. Creuse dans la terre son sillage. Laisse ses traces, pose ses marques. Discret, sans bruit, s’approche et s’éloigne. Jamais très loin. Il surveille, tapis, il guette. Toujours attentif, l’œil vif et tranquille. Le serpent vit en moi, traverse ma colonne, s’enroule et s’étire, embrasse l’air entre mes muscles, mes seins, mes os, mes veines, mon sexe, mes nerfs, et court à travers le tumulte de mon cerveau-cervelet. Il me donne le vertige. L’équilibre aussi, sortant de la terre, me visite, se niche en mon centre et continue le trajet vers le sommet de mon crâne.

~

Mon corps vit, respire, souffle, susurre, transpire, s’agite, s’exaspère, tempère, se suspend, se tend, s’étire, flotte, se meut, s’apprivoise, s’écoute, bat ses microparticules… Mon corps désire, se retient, redésire, part et revient, s’arrête et reprend.     Le mental freine.

Mon corps respire de désirs.

Il n’est pas sage, pas prudent, pas conventionnel… de suivre ses instincts.

Mon corps hormonal a besoin d’exulter. Pas avec n’importe qui, n’importe quand. Je suis une éternelle romantique, avec une sensibilité débordante. L’alchimie est le mot d’ordre. L’alchimie de la rencontre, du lieu, du moment. L’Alchimie du temps présent.

Inca-nue

4 Comments Être une femme

  1. mc d'augé

    « Inconnue »
    peut-être
    mais la peinture sur sable donne naissance à de belles lignes 🙂

  2. Sébastien

    Parcourir le labyrinthe sous-entend qu’on le fasse toujours avec le corps. Trouver la sortie uniquement avec l’esprit n’aboutit qu’à la frustration ou la satisfaction éphémère d’une victoire abstraite, inaboutie, stérile.

    Tu n’as peut-être pas le bagage « lexicastylistique » qui fait l’arrogance et la prétention de ceux qui se disent écrivains ou lecteurs, ou gens de Lettres (et puis les bagages c’est souvent un poids superfétatoire, au mieux un fardeau encombrant dont il faut se dépêtrer : « on dirait qu’ils portent une valise dans chaque main » chanterait Brel), mais toi tu écris avec « l’exigence de la beauté ondulaire », avec le corps se faufilant dans le labyrinthe. Ecrire c’est aussi serpenter, faire des lacs et des entrelacs, écrire c’est faire surgir le serpent campé en nous, « écrire c’est aussi danser » écrivait Duras (que j’entendais hier encore répéter, au grand dam de certains, que beaucoup d’écrivains célèbres n’avaient jamais écrit, vraiment. Et il est vrai que l’écriture par le corps, la danse, précède de loin l’écriture et qu’elle fut sans doute la narration primitive de ce que l’homme avait en lui et qu’il se devait de raconter aux autres. Le mime primitif de la vie.

    Être femme c’est aussi une relation à la narration, à l’extériorisation de ce qui est en nous qui n’est pas soi mais qui en contient une partie. Il y a souvent dans la façon d’écrire, de mettre au monde une histoire, des « traces de vie » la même énergie, la même douleur et la même libération que dans la façon d’enfanter. Socrate n’écrivait pas, mais par sa maïeutique (sa méthode d’accouchement) il donnait aux autres la volonté de mettre au monde la vérité profonde tapie en soi. Shéhérazade raconte tous les jours une histoire au Sultan pour sauver sa tête, pour prolonger sa vie : écrire devient alors l’absolue nécessité à son existence. Pénélope fait et défait tous les jours et sans cesse son ouvrage afin de gagner du temps, afin de sauvegarder son amour pour Ulysse : le tissage et le détramage de cette étoffe est la même action fondatrice que Shéhérazade.

    Danser, charmer, séduire et se faire séduire par le serpent lové en nous, pétrir la terre originelle et serpentine pour lui donner vie, au delà de toute appartenance sexuelle (il y a du féminin dans tout homme et inversement), au-delà de toute considération morale (qu’est-ce qu’être sage, prudent, conventionnel quand on est artiste, chercheur, explorateur de labyrinthe ?), n’est-ce pas jouer à se chercher et à se perdre dans le grand labyrinthe qu’est notre corps.

    En tous les cas, ton texte ne me laisse pas indifférent et je suis fier que ce 100e post sur ce modeste blog soit celui d’une Inca-nue. Tu es libre de revenir serpenter ici, si le cœur t’en dit !

  3. Inca-nue

    Merci pour ces douces résonances… et la légitimité à poursuivre. Je pense revenir beaucoup plus rapidement que prévu.
    A bientôt.

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