Écrire, maintenant, uniquement pour faire savoir qu’un jour j’ai cessé d’exister ; que tout, au dessus et autour de moi, est devenu bleu, immense étendue vide pour l’envol de l’aigle dont les ailes puissantes, en battant, répètent à l’infini les gestes de l’adieu au monde.
Oui, uniquement pour confirmer que j’ai cessé d’exister le jour où l’oiseau rapace a occupé seul l’espace de ma vie et du livre, pour régner en maître et dévorer ce qui, une fois encore, cherchait, en moi à naître et que je tentait d’exprimer.
Inutile est le livre quand le mot est sans espérance.
Edmond Jabès, Le livre de l’Hospitalité, Gallimard, 1991 – p. 9
oui, écrire pour que tout demeure possible. Toujours.