La sorcière — Jules Michelet

La sorcière

Jules Michelet,
Editions Garnier-Flammarion, Paris, 1966

La sorcière, Jules Michelet

Que sa fidélité lui coûte !… Reines, mages de la Perse, ravissante Circé ! sublime Sibylle, hélas ! qu’êtes-vous devenues ? et quelle barbare transformation !… Celle qui, du trône d’Orient, enseigna les vertus des plantes et le voyage des étoiles, celle qui, au trépied de Delphes, rayonnante du dieu de lumière, donnait ses oracles au monde à genoux, — c’est elle, mille ans après, qu’on chasse comme une bête sauvage, qu’on poursuit aux carrefours, honnie, tiraillée, lapidée, assise sur les charbons ardents!…

Le clergé n’a pas assez de bûchers, le peuple assez d’injures, l’enfant assez de pierres contre l’infortunée. Le poète (aussi enfant) lui lance une autre pierre, plus cruelle pour une femme. Il suppose, gratuitement, qu’elle était toujours laide et vieille. Au mot Sorcière, on voit les affreuses vieilles de Macbeth. Mais leurs cruels procès apprennent le contraire. Beaucoup périrent précisément parce qu’elles étaient jeunes et belles.

Magic Circle, John William Waterhouse, 1886La Sibylle prédisait le sort. Et la Sorcière le fait. C’est la grande, la vraie différence. Elle évoque, elle conjure, opère la destinée. Ce n’est pas la Cassandre antique qui voyait si bien l’avenir, le déplorait, l’attendait. Celle-ci crée cet avenir. Plus que Circé, plus que Médée, elle a en main la baguette du miracle naturel, et pour aide et sœur la Nature. Elle a déjà des traits du Prométhée moderne. En elle commence l’industrie, surtout l’industrie souveraine qui guérit, refait l’homme. Au rebours de la Sibylle, qui semblait regarder l’aurore, elle regarde le couchant ; mais justement ce couchant sombre donne, longtemps avant l’aurore (comme il arrive aux pics des Alpes), une aube anticipée du jour.

Le prêtre entrevoit bien que le péril, l’ennemie, la rivalité redoutable est dans celle qu’il fait semblant de mépriser, la prêtresse de la Nature. Des dieux anciens, elle a conçu des dieux. Auprès du Satan du passé, on voit en elle poindre un Satan de l’avenir.

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Dieux des maux, d’émois et démons

Théo rit. Son thé est cause d’euphorie :
« Saté au riz ce que le thé est au logis »
Sa théorie : un théorème qui portait haut
La clarté odorante d’un été aux bougies.
Très haut ? ma non trop haut !

Son théorème hérité démodait dieu,
Son thé aurait mérité des mots, des dieux.

Théo voulait dicter aux météores
De s’arrêter aux mois en or :
Messidor, Thermidor, Fructidor ;
Car mieux vaut l’été au nord,
Où la potée ose quand Théo dort.

« Et pis t’as la météo » tonne son nid vert :
Vendémiaire, Brumaire, Frimaire ;
Epithalame : été, automne, son hiver,
Quand Prométhée odieux s’enfermait aux enfers,
Qu’en promet Théo au dieu : sang, fer, métaux, zinc, fer…

C’est couru : mais Théo est versé dans l’athéologie
Sa théorie : ce que la théologie
A ôté aux athées, les athées le rendent aux dieux
En étant des rangs d’hôtes très odieux

Sur ces mots atterrés, Théo dit « c’est assez ».
Et, son thé bu, Théo file chez le gantier. ((Retour Oulipien après une longue pause bloguesque, je vous fais part ici d’un petit poème labyrinthique (ma première production pour Fanes de Carottes en fait) : quand les syllabes sont des couloirs, les mots se perdent dedans, à l’infini et avec un plaisir non dissimulé. ))

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Les dessous de Madame Bovary

Etouffement et tristesse - illustration de A. Richemont, gravées à l'eau-forte par C. Chessa. Paris : F. Ferroud, 1905

Il y a quelques temps je vous parlais de Madame Bovary (je vais y revenir encore prochainement d’ailleurs !), à travers un extrait à lire et à travers la Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary de Philippe Doumenc. Que les adorateurs de cette pathétique provinciale se réjouissent, que les férus admirateurs et lecteurs de Flaubert sautent de joie, que les amoureux transis des manuscrits et autres matrices généalogiques de l’oeuvre chantent d’allégresse… Ils l’ont rêvé, la Bibliothèque de Rouen, aidée de nombreux partenaires, l’a fait.

Depuis le 15 avril, les 4500 feuillets du manuscrit de Madame Bovary sont en ligne ainsi que leur retranscription. On peut y lire simplement le roman en ligne, ou par des jeux de liens, se retrouver au cœur de l’édition manuscrite avec en vis-à-vis une retranscription. Cette dernière a été réalisée par 600 bénévoles, âgés de 16 à 77 ans, à travers le monde. Un travail colossal !

Site : http://www.bovary.fr

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Lhasa

Lhasa

Lhasa de Sela
Warner Music Group

Lhasa-

Je vous l’annonçais il y a quelque temps et il est sorti, le dernier album de Lhasa.
Intitulé Lhasa l’album renferme douze petits bijoux dans son écrin…

  1. Is Anything Wrong – 4:00
  2. Rising – 3:52
  3. Love Came Here – 3:55
  4. What Kind of Heart – 5:09
  5. Bells – 5:07
  6. Fool’s Gold – 3:05
  7. A Fish on Land – 4:03
  8. Where Do You Go – 4:32
  9. The Lonely Spider – 3:21
  10. 1001 Nights – 3:56
  11. I’m Going In – 6:43
  12. Anyone And Everyone 2:45

A noter également qu’elle sera en tournée en France à partir du mois d’octobre, voici toutes ses dates.


 

Vous trouverez toutes les informations sur son site officiel ou sur Sendereando


Voici le magnifique vidéo dessiné au crayon de plomb par Alex McLean et Kathleen Weldon,
deux Montréalais hyper talentueux : dessinateurs, réalisateurs,
et membres du group Rothschilds (www.myspace.com/therothschilds).
Source site officiel

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