In the middle — Angèle Casanova #vasesco

Ce mois-ci, dans le cadre des Vases communicants, j’ai le grand plaisir d’accueillir dans mon labyrinthe Angèle Casanova. Comme bac à sable, nous sommes partis d’une phrase « Je marche sur la ligne blanche continue » qui a sonné chez nous comme une invitation au voyage qu’est l’écriture. Je la remercie vivement de son enthousiasme et de toute l’énergie qu’elle sait très bien faire circuler… Et la circulation, n’est-ce pas le plus important dans des vases communicants ?
Vous pourrez lire mon texte, « Relativité » sur le blog de Gadins et bouts de ficelles.
Pour découvrir et comprendre le principe des vases communicants, je vous invite à lire le « Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre » sur www.liminaire.fr.
Ici la liste complète des vases communicants.

in the middle

in the middle, par Anguèle Casanova

je marche
sur la ligne
blanche
continue

funambule
je triche
mes pas la coupent
je lève les bras
les voitures sifflent
au bout de mes doigts

cette ligne
je la débite

en morceaux
je la ferai disparaître
j’y arriverai
même si je dois perdre
dans la manœuvre
tout mon sang
en longues traînées
sales
sur l’asphalte

je ne suis pas
le chemin attendu
ni dans un sens
ni
dans
l’autre
je taille ma propre route
avec mes pieds
in the middle of
nowhere

Angèle Casanova
(texte et image)

 

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Faire de la lumière — Eric Dubois (#vasesco)

Ce mois-ci, dans le cadre des Vases communicants, j’ai le grand plaisir d’accueillir dans mon labyrinthe le poète Eric Dubois. Nous ne nous sommes donnés aucune consigne à l’origine, mais il se trouve que nous avons parlé, chacun à sa manière, de la lumière.
Vous pourrez lire mon texte, « Lune aven – trou world » sur le blog des Tribulations d’Eric Dubois.
Pour découvrir et comprendre le principe des vases communicants, je vous invite à lire le « Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre » sur www.liminaire.fr.
Ici la liste complète des vases communicants.

Intérieur d’agave – (c) Photo Sébastien Marcheteau

 

Faire de la lumière

Faire de la lumière le manteau du ciel
le partage sensible

Tous les avatars possibles
en un sens inaltérable

 

Tutoyer le monde
avec la bouche

Se remettre à écrire
le corps en amont

Dans l’aube floue
chercher les rayons

 

Ordinateur de la présence
arme philosophique

 

Pharaon des étoiles
chanteur surnuméraire

 

Comprendre l’importance
de la poussière

La fascination du vide

 

Dresser le mât
pour piquer les nuages

En souvenir de nos matins
de neige

 

Quand on diluait l’ombre
dans les couleurs du vent

Eric Dubois


Eric Dubois est né en 1966 à Paris.

Auteur de plusieurs ouvrages de poésie aux éditions Le Manuscrit, Encres Vives, Hélices, l’Harmattan, Publie.net. Responsable de la revue de poésie en ligne « Le Capital des Mots ».
Blogueur : « Les tribulations d’Eric Dubois ».
Chroniqueur dans l’émission « Le lire et le dire » sur Fréquence Paris Plurielle (106.3 fm Paris) depuis 2010.

http://ericdubois.net
http://le-capital-des-mots.fr

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Couleurs et matières — Marianne Desroziers (#vasesco)

Voici un texte proposé par Marianne Desroziers dans le cadre des Vases Communicants, vaste opération qui consiste, le premier vendredi de chaque mois, à échanger nos lieux d’écriture, à écrire ailleurs, dans un blog qui n’est pas le sien, dans un nouveau bac à sable… C’est  Marianne Desroziers (dont j’ai proposé une lecture ici de Lisières) qui m’a invité à participer à mon premier #vasesco (ainsi indexé dans les réseaux sociaux). Et c’était pour moi une joie et un honneur d’échanger avec elle. Quand elle m’a suggéré d’écrire à partir d’une peinture de son compagnon, William Mathieu, j’ai été très emballé. Puis nous avons choisi ensemble le tableau, Questionnement Hantaï. Vous trouverez mon texte, Le bruit du glas, une nouvelle antilipogrammique1 dont les 13 lettres uniques forment le titre, sur le blog de Marianne Desroziers.

Questionnement Hantaï, William Mathieu 80×65 cm – Huile et acrylique sur toile – 2013 – Collection particulière – France

Couleurs et matières

Ton corps en grand point d’interrogation.
Tu chemines dans un dédale de questions.

L’enfant que tu as été
Et l’homme nouveau devenu
Se cherchent dans le labyrinthe
De ta peinture

Tu t’enfonces en toi-même
Il fait sombre et humide
Dans ton souterrain

Tu tâtonnes, hésites,
Prends appui sur les parois
Ses aspérités te rassurent
La vie naît sur tes murs

Des tâches de couleurs
Des lettres ici et là
Te montrent le chemin

E Blanc
I Rouge
U Vert
O Bleu

Jaune ?

Jaune : Questionnement Hantaï

Marianne Desroziers

  1. Vous trouverez d’autres antilipogrammes dans le labyrinthes []
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Poèmes en pensée – Michel Deguy

Poèmes en pensée
Motifs pour poèmes

Michel Deguy & Alain Lestié
Éditions Le bleu du ciel

Poèmes en pensée, Michel Deguy - Motifs pour poèmes, Alain Lestié, Ed. Le bleu du ciel

Deux œuvres se côtoient, s’interrogent l’une l’autre, se défient dans ce beau livre des Éditions Le bleu du ciel : des Poèmes en pensée1 de Michel Deguy et Motifs pour poèmes, de mystérieux tableaux très graphiques tout en noirs, en blancs et en gris d’Alain Lestié, peintre et écrivain.

On connaît l’attachement du Bleu du ciel à inciter le dialogue entre textes et images, entre textes et quelque-chose d’autre qui n’est pas du texte. Une manière particulière de faire refléter le texte dans un espace et un temps qui n’est pas le sien.

« Avec le peintre ? Sur la page à-côté débouche la vue : le rébus renvoie au poème un emblème. L’artiste éclaire notre lanterne — faiblement : ampoule, lumignon, faisceau, cadran lunaire… » (M. Deguy, 4e de couverture)

En pensée : matière immatérielle et inchoative

Michel Deguy expose dans son introduction les raisons et la teneur de son titre en précisant que « le syntagme « en pensée » dit l’inchoativité et l’emportement. […] Et aussi la hylê : le en-quoi, la matière immatérielle qui fait la contenance. C’est en pensée : c’est la pensée pour qui pense-à, pour penser. » En pensée comme en-semencement. Qui dit le mouvement originel, le commencement, la graine qui, immatérielle, le contient, germe et pousse, et ce faisant inscrit une durée dans l’espace. Dans ce laps de temps très court qui initie la pensée, dans sa matière même, non encore inféodée à la raison (en ce que la raison est une domestication sociale, culturelle de la pensée), il se peut qu’il y ait quelque chose de l’ordre de  la praxis, un désintéressement total de ce qu’elle engendre, le refus d’accéder à une finalité utilisable, calculée, désirée. Quand la pensée pense à penser, quand elle « pense à pour pouvoir penser« , dans l’errance de son commencement elle tâtonne, elle cherche sans trouver, elle est aux abois2, encerclée par sa propre éclosion. Mais de quoi va-t-elle se revêtir ? Quel chemin s’offre à elle ou, au contraire, lui refuse l’accès ?

Prolonger une impasse
C’est frayer la route

L’impasse poursuivie
Fait un chemin à battre.

Poèmes en pensée, Michel Deguy, p. 9

Alain Lestié "de la rhétorique" in "Motifs pour poèmes"

Alain Lestié « de la rhétorique » in « Motifs pour poèmes »

Trois parties se succèdent dans le recueil comme trois chemins possibles de la pensée. La première, éponyme, s’ouvre sur une réflexion rhétorique, De la prosopopée et trouve racine dans le passé, dans le souvenir et dans l’étonnement : quel était (Deguy parle au passé) ce besoin paradoxal de faire parler les choses qui sont, par nature, muettes, indifférentes au monde3 et qui « rendait l’éloquence vraisemblable » (p. 11). « C’était la condition pour le sens » qui « requérait pour son thrène et son emphase cette contrediction« . Se lamenter pour. Témoigner pour (ce thème, cher à Derrida sera repris en clôture de la troisième partie). Donner sens en prêtant voix. Être porte-voix pour contredire le silence de ce qui, emmuré dans son aphasie essentielle, n’a pas voix au chapitre de la signifiance du monde. Et Deguy poursuit et prend appui sur cette « paradoxale réflexion » en regrettant sa mère défunte qu’il n’a pas connu car il était « pas assez vieux, mais trop niais – âgé d’à peine plus de cinquante ans – au moment de la perdre » (p. 13), en célébrant la terre qui se réjouit du remplacement des morts par d’autres vivants…

Dans la deuxième partie, intitulée Mémoires d’outre-temps, la pensée et le poème tournent autour du temps, non plus remémoré mais agissant, de l’usure. De la possible fin du monde, de cet « advenir d’un seul monde qui […] menace » la pluralité de mondes (p. 21).

« Pourront-ils, la terre et le monde, s’aimer, se réunir, s’indiviser ?
Ou le monde, pour finir, nous déterrestrera-t-il ?
»

Du temps qui fuit, du temps qu’on tranche dans l’éternité, du temps héraclitéen (« On se baigne toujours dans le même fleuve » , p 29) qui efface les souvenirs et les rêves, les poèmes usent l’usure qu’use le temps dans son action inchoative (le temps continuous anglais)… Cette usure se perçoit dans l’escence : quand l’être est en prise (emprise ?) avec le temps, de l’adolescence à la sénescence.

La dernière partie, L’attachement, beaucoup plus conséquente, prend le ton d’un manifeste poétique. Deguy revient sur ses sources poétiques, qui sont aussi des portes ayant conduit à des types d’exploration poétique différents : Baudelaire, Nerval, Rimbaud, Lautréamont, Mallarmé… Mais « c’est Baudelaire le plus profond parcours » (p. 35), pour les « échos baudelairiens » touchant l’oreille interne, pour « la dodécasyllabique mais impaire, hantise alexandrine alentie ou syncopée… »  Il évoque Villon qui « ouvre la poésie française, testamentairement, en vocatif aux « frères humains » ; Baudelaire la ferme (« le monde va finir » dit la dernière page [de Fusées]) » Et c’est entre ces deux pôles qu’il faut lire ce livre, notamment Fusées donc ces pages sont une lecture ravivée, d’interprétation, de réflexion dialoguante.

« Le fond de l’affaire peut seulement être dit en poème – de langue, de musique,  de peinture, de pierre… Parce que c’est tout un poème. Quel est le fond de l’affaire ? Je le nomme aujourd’hui attachement. » p. 39

Et un peu plus loin : « Appelons poésie le soin ou art qui soigne cet attachement. La culture est ce qui le cultive. Je parlerai de ce qui le menace. »

 Le recueil s’achève sur une réflexion sur le témoin, le témoignage qui implique « une réciprocité en cause » car le témoin prend à témoin, c’est un mécanisme intrinsèque du narrateur qui ne fait que transmettre un relais à son auditoire… « Or, comme dans la vie, tout le monde se dérobe, « Je » ne veux pas être pris à témoin. […] L’audible n’est pas le visible. » Peut-on échapper à la narration ? Peut-on éviter d’être un de ces multiples relais, de cet auditoire crédule qui ressasse et répète à l’envi ce qu’il a entendu ou cru entendre. Peut-on refuser de rentrer « dans la chaîne du croire ? »

« Qu’est-ce que le témoin ?
Réponse : celui qui  » a vu le monstre de près ». (Mots de Primo Levi et de quelques autres.)

Nous savons ce qui nous attend :
Nous devons voir le monstre de plus près.
Mais Persée ne vainc plus la Gorgone.
Le mythe dit qu’il ne devrait pas, lui, l’envisager sous peine de pétrification.
» p.55

Pour aller plus loin

  1. Ce sont des poèmes, si on veut, mais en prose. Donc ce ne sont pas des poèmes. Ou plutôt : pas de la poésie en poème. Il faut bien que la poésie soit distincte du poème pour qu’il y ait des poèmes en proses. » dit en préambule Michel Deguy []
  2. cf. le dernier Dernier Royaume de Pascal Quignard, Mourir de penser. Il est étonnant, parfois de lire en parallèle deux livres et de les entendre dialoguer intimement, dans une résonance distante — douze ans séparent ces deux œuvres — et cependant familière. Leurs auteurs n’ont ni les mêmes propos, ni les mêmes objectifs, mais leurs mots, qui sont les mêmes dans leur altérité, s’entrechoquent, se battent en duel, s’embrassent dans la tête du lecteur qui les réunit. Ce n’est jamais tant les auteurs qui dialoguent entre eux que le lecteur qui les place artificiellement dans un même espace-temps, le temps d’une rencontre improbable, d’un entretien infini dirait Blanchot []
  3. Pour rappel, la prosopopée est une figure stylistique qui consiste à faire parler quelque-chose qui ne peut pas s’exprimer : un mort, une chose, un concept, un animal… []
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Le monde va finir – Charles Baudelaire

Temple de Junon à Agrigente, Caspar Friedrich, Huile sur toile, Museum am Ostwall, Dortmund

« Le monde va finir. La seule raison, pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particulièrement à celle-ci : Qu’est-ce que le monde a désormais à faire sous le ciel? — Car, en supposant qu’il continuât à exister matériellement, serait-ce une existence digne de ce nom et du Dictionnaire historique? Je ne dis pas que le monde sera réduit aux expédients et au désordre bouffon des républiques du Sud-Amérique, que peut-être même nous retournerons à l’état sauvage, et que nous irons, à travers les ruines herbues de notre civilisation, chercher notre pâture, un fusil à la main. Non; car ces aventures supposeraient encore une certaine énergie vitale, écho des premiers âges. Nouvel exemple et nouvelles victimes des inexorables lois morales, nous périrons par où nous avons cru vivre. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien, parmi les rêveries sanguinaires, sacrilèges ou antinaturelles des utopistes, ne pourra être comparé à ses résultats positifs. Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie. De la religion, je crois inutile d’en parler et d’en chercher les restes, puisque se donner la peine de nier Dieu est le seul scandale, en pareilles matières. La propriété avait disparu virtuellement avec la suppression du droit d’aînesse; mais le temps viendra où l’humanité, comme un ogre vengeur, arrachera leur dernier morceau à ceux qui croient avoir hérité légitimement des révolutions. Encore, là ne serait pas le mal suprême.

L’imagination humaine peut concevoir, sans trop de peine, des républiques ou autres États communautaires, dignes de quelque gloire, s’ils sont dirigés par des hommes sacrés, par de certains aristocrates. Mais ce n’est pas particulièrement par des institutions politiques que se manifestera la ruine universelle, ou le progrès universel; car peu m’importe le nom. Ce sera par l’avilissement des cœurs. Ai-je besoin de dire que le peu qui restera de politique se débattra péniblement dans les étreintes de l’animalité générale, et que les gouvernants seront forcés, pour se maintenir et pour créer un fantôme d’ordre, de recourir à des moyens qui feraient frissonner notre humanité actuelle, pourtant si endurcie? — Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne ; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas par de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s’enrichir, et pour faire concurrence à son infâme papa, fondateur et actionnaire d’un journal qui répandra les lumières et qui ferait considérer le Siècle d’alors comme un suppôt de la superstition. — Alors, les errantes, les déclassées, celles qui ont eu quelques amants et qu’on appelle parfois des Anges, en raison et en remerciement de l’étourderie qui brille, lumière de hasard, dans leur existence logique comme le mal, — alors celles-là, dis-je, ne seront plus qu’impitoyable sagesse, sagesse qui condamnera tout, fors l’argent, tout, même les erreurs des sens! Alors, ce qui ressemblera à la vertu, que dis-je, tout ce qui ne sera pas l’ardeur vers Plutus sera réputé un immense ridicule. La justice, si, à cette époque fortunée, il peut encore exister une justice, fera interdire les citoyens qui ne sauront pas faire fortune. Ton épouse, ô Bourgeois! ta chaste moitié, dont la légitimité fait pour toi la poésie, introduisant désormais dans la légalité une infamie irréprochable, gardienne vigilante et amoureuse de ton coffre-fort, ne sera plus que l’idéal parfait de la femme entretenue. Ta fille, avec une nubilité enfantine, rêvera, dans son berceau, qu’elle se vend un million, et toi-même, ô Bourgeois, — moins poète encore que tu n’es aujourd’hui, — tu n’y trouveras rien à redire; tu ne regretteras rien. Car il y a des choses, dans l’homme, qui se fortifient et prospèrent à mesure que d’autres se délicatisent et s’amoindrissent; et, grâce au progrès de ces temps, il ne te restera de tes entrailles que des viscères! — Ces temps sont peut-être bien proches; qui sait même s’ils ne sont pas venus, et si l’épaississement de notre nature n’est pas le seul obstacle qui nous empêche d’apprécier le milieu dans lequel nous respirons?

Quant à moi, qui sens quelquefois en moi le ridicule d’un prophète, je sais que je n’y trouverai jamais la charité d’un médecin. Perdu dans ce vilain monde, coudoyé par les foules, je suis comme un homme lassé dont l’œil ne voit en arrière, dans les années profondes, que désabusement et amertume, et, devant lui, qu’un orage où rien de neuf n’est contenu, ni enseignement ni douleur. Le soir où cet homme a volé à la destinée quelques heures de plaisir, bercé dans sa digestion, oublieux — autant que possible — du passé, content du présent et résigné à l’avenir, enivré de son sang-froid et de son dandysme, fier de n’être pas aussi bas que ceux qui passent, il se dit, en contemplant la fumée de son cigare : «Que m’importe où vont ces consciences?»

Je crois que j’ai dérivé dans ce que les gens du métier appellent un hors-d’œuvre. Cependant, je laisserai ces pages, — parce que je veux dater ma colère. »

Fusées, Charles Baudelaire, 1851

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