Hirondelle ou martinet ? – Serge Cazenave-Sarkis
Nul n’entre ici s’il recherche l’amour, la paix, la douceur de vivre… Tel devrait être l’avertissement au lecteur inscrit en blanc sur noir sur le frontispice de ce livre.
Nul n’entre ici s’il recherche l’amour, la paix, la douceur de vivre… Tel devrait être l’avertissement au lecteur inscrit en blanc sur noir sur le frontispice de ce livre.
Ce livre est simple et beau comme son histoire : Martin Page joue avec son Beckett-personnage avec beaucoup de tendresse et d’amusement…
C’est aussi pour cela que j’aime les livres comme des petites boîtes : en abolissant le temps de la lecture ils permettent la relecture, l’entretien infini avec l’œuvre — l’espace du livre ouvert alors se creuse pour devenir gigantesque.
Beaucoup de choses ont déjà été dites depuis la publication, par les éditions Bruno Doucey de Celle qui mangeait le riz froid de la poétesse coréenne Moon Chung-hee…
Le souvenir de personne est un livre d’amour, un livre bien vivant, un livre qui chante la vie, la vie telle qu’elle est et telle qu’elle ne doit pas nous échapper, fût-ce en notre souvenir.
Avec son double titre Véniels / Escasenças la lecture peut prendre des chemins divergents : aveu de péchés véniels, blasons du corps féminins, ou instantanés du hasard…
Ce livre est un livre de deuil. Celui de l’enfant fauché et soustrait à sa vie en devenir, le deuil d’un cygne qui s’ignorait…
Trois parties jalonnent ce qu’il faut déjà entrevoir comme un voyage initiatique, une quête d’un lieu ou d’un état originel qui demande de se désabriter, de se déposséder des strates, des habits que nous arborons pour singulariser notre personnalité, que sont le langage, « ce fouissement verbeux », les leçons apprises (« Un peu d’ignorance pour que la connaissance devienne adulte »), le « déracinement visuel » des villes…
Je vous ai raconté comment j’ai découvert, par le plus grand des hasards, Pierre Cendors et son premier roman : L’homme caché. Maintenant que j’ai appâté l’auditoire, je ne peux plus me soustraire à en dire davantage, à argumenter ce que je n’ai fait qu’esquisser.
Rencontrer un livre ou un auteur procède toujours d’un mystère qui nous échappe. Quand je dis rencontrer, je veux dire rencontrer vraiment.